342              MEMOIRES DE PIERRE DE L'ESTOILE.
un cordelier nommé Roger : à sçavoir quc le Turc estoit entré en la Rommanie, et que Ie Pape effraie avoit envoié demander secours aux Vénitiens et au grand duc de Florence.
Le mecredi dixieme de ce mois, la porte Saint-Mar­ceau fust bouchée.
Le jeudi onzième dudit mois, à huit heures du soir, arriva le marquis de Villars à Paris, avec les députés de Rouen.
Le vendredi douzieme de ce mois, M. le légat vinst à la cour de parlement de Paris, oîi ii fist une harangue en latin, leur présenta lettres de la part de la Sainteté, exhortant ceste compagnie à perseverance et patience; les asseurant de la bonne volonté du Pape, et de ses moyens trés grands, prompts à secourir une si bonne cause. Le president Hacqueville lui respondit en latin, et d'Orleans en françois; tous deux louans et exaltans le soin d'un si bon pasteur.
Le dimanche quatorzième dudit mois, Rose pres-chant à Saint-Estienne et parlant du Roi, dit ces mots : « Comment, messieurs de Paris, auriés vous bien le « cœur de recevoir ce tiran, qui s'est plongé les bras « jusques aux couldes dans le sang des catholiques, et « fait enterrer Ies prestres tout vifs jusques à la gorge? »
Le mardi 16 febvrier, M. de Villars C1) fait le ser­ment d'admiral de France à la cour, où il vinst accom­pagné de cinquante bons chevaux, et bien en Conche. Lui, habillé tout de noir, fort simplement et modes­tement, aiant un chapeau sans cordon, fust instalé par le president de Nulli, encores que le premier president eust accoustumé de ce faire. Son advocat estoit Mon-
(0 M. de Villars : Il avqit été fait amiral par le duc de Mayenne.
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